Friday, August 16, 2013

Readymade Motel - La lune n'était pas encore dans le ciel.

Readymade Motel: une chambre improvisée - ancien magasin - depuis un entrepôt - une nuit un motel - toujours un bordel organisé - restants de fantômes dans les mots des 'autres'...

"On ne peut faire d'oeuvre d'art si on ne part pas d'une autre oeuvre d'art."
- Paul-Marie Lapointe (1929-2011)


  La lune n'était pas encore dans le ciel.

                Une nouvelle expérience a touché les fondements de mon âme - instantanément transformée en une espèce de truc brumeux plein de filaments - depuis les derniers mots que j'ai écris. Les flammes se sont élevées de plus en plus haut, brûlant l'étrangeté de cette scène intime. Une sensation de chaleur et de bien-être. Quand je me réveille, je la chasse...

    Dans l'immédiat, ce besoin d'être seul, au sein de certaines angoisses, pour conserver ou pour détruire, pour désoler et ravager ce monde parcouru par des frissons de rage ou étreint par cette main de fer - je suis témoin, je suis le seul témoin de moi-même. Dans cette fureur, dans l'insatisfaction de l'esprit, c'est moi toujours là attendant les rues vides, avec un goût de sang et de douceur métallique. Ce besoin d'être seul dans cette chambre dont le sol est recouvert d'une mince couche de neige.

     Je tourne en rond, au bout de cette laisse d'angoisses. Il n'y a pas de tactique après avoir résidé dans l'homme et dans sa trace, dépourvu de la moindre sensation, si ce n'était cette impression de vide. La douleur abrutit - le brouillard m'obstrue la gorge. J'en ai assez de répondre ce qu'il faut répondre. Se trouver seul à vivre dans les plaisirs et les délices au milieu des gens qui tout autour gémissent et se plaignent. Et au milieu de tout ça, la mort, une mélancolique et terrible allumeuse qui ne songe qu'à elle. Une vitrine de luxe sur un pauvre.

     Le lecteur pourra se demander comment je trouve le temps de rédiger ces analyses cancérigènes. Pourquoi direz-vous? Tout simplement parce que je suis un perdant, n'ayant plus raison de sortir, le regard perdu là où le ciel est le plus noir. Ça ne me plaît pas. Je me rends compte que j'ai laissé tomber le présent pour le passé. Un chaos déconcertant d'impression, de souvenirs et d'émotions fugitives.

     Personne ne veut prendre de risque - quelques regards furtifs, pendant notre longue course - on se contentera peut-être de crever. Les hommes ne sont plus maîtres des heures. La première chose qu'on remarque ici est le silence mort qu'étouffent les poisons à qui tout le monde vient se confier - ils sont libres d'agir comme ils l'entendent. C'est que la Terre de créatures rampantes et venimeuses est aussi invisible que la nuit tombante.                            

    Vous devez vous poser des tas de questions; mais l'ignorance c'est la force... Tout le monde est déçu d'avoir cru. L'indifférence absolue; un bruit atroce, une respiration rauque. Je préfère encore le franc cynisme.

No comments: