Readymade
Motel: une chambre improvisée - ancien magasin - depuis un entrepôt -
une nuit un motel - toujours un bordel organisé - restants de fantômes
dans les mots des 'autres'...
"On ne peut faire d'oeuvre d'art si on ne part pas d'une autre oeuvre d'art."- Paul-Marie Lapointe (1929-2011)
La lune n'était pas encore dans le ciel.
Une nouvelle expérience a
touché les fondements de mon âme - instantanément transformée en une
espèce de truc brumeux plein de filaments - depuis les derniers mots que
j'ai écris. Les flammes se sont élevées de plus en plus haut, brûlant
l'étrangeté de cette scène intime. Une sensation de chaleur et de
bien-être. Quand je me réveille, je la chasse...
Dans l'immédiat, ce besoin d'être seul, au sein de certaines angoisses,
pour conserver ou pour détruire, pour désoler et ravager ce monde
parcouru par des frissons de rage ou étreint par cette main de fer - je
suis témoin, je suis le seul témoin de moi-même. Dans cette fureur, dans
l'insatisfaction de l'esprit, c'est moi toujours là attendant les rues
vides, avec un goût de sang et de douceur métallique. Ce besoin d'être
seul dans cette chambre dont le sol est recouvert d'une mince couche de
neige.
Je
tourne en rond, au bout de cette laisse d'angoisses. Il n'y a pas de
tactique après avoir résidé dans l'homme et dans sa trace, dépourvu de
la moindre sensation, si ce n'était cette impression de vide. La douleur
abrutit - le brouillard m'obstrue la gorge. J'en ai assez de répondre
ce qu'il faut répondre. Se trouver seul à vivre dans les plaisirs et les
délices au milieu des gens qui tout autour gémissent et se plaignent.
Et au milieu de tout ça, la mort, une mélancolique et terrible allumeuse
qui ne songe qu'à elle. Une vitrine de luxe sur un pauvre.
Le lecteur pourra se demander comment je trouve le temps de rédiger ces
analyses cancérigènes. Pourquoi direz-vous? Tout simplement parce que
je suis un perdant, n'ayant plus raison de sortir, le regard perdu là où
le ciel est le plus noir. Ça ne me plaît pas. Je me rends compte que
j'ai laissé tomber le présent pour le passé. Un chaos déconcertant
d'impression, de souvenirs et d'émotions fugitives.
Personne ne veut prendre de
risque - quelques regards furtifs, pendant notre longue course - on se
contentera peut-être de crever. Les hommes ne sont plus maîtres des
heures. La première chose qu'on remarque ici est le silence mort
qu'étouffent les poisons à qui tout le monde vient se confier - ils
sont libres d'agir comme ils l'entendent. C'est que la Terre de
créatures rampantes et venimeuses est aussi invisible que la nuit
tombante.
Vous devez vous poser des tas de questions; mais l'ignorance c'est la
force... Tout le monde est déçu d'avoir cru. L'indifférence absolue; un
bruit atroce, une respiration rauque. Je préfère encore le franc
cynisme.
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