Wednesday, September 7, 2011

« Je ne suis pas le genre de mec qui se couperait l'oreille […].
 Je me tirerais une balle dans la tête si les choses tournaient mal.
 Je sauterais d'une fenêtre ».
- Bob Dylan

Les Balles Masquées – Troisième Balle
Le Trou de Balle



Pas de balle, essoufflé et trempé… Ça devait faire au moins 10 ans que je n’avais pas couru comme ça! Me sauver des ‘cops’ en plus. Wow! J’me dis que j'mérite un verre! La dernière fois que j’ai piqué un sprint aussi long et chiant, je venais de voler le drapeau du Québec sur un édifice local. Tranquille dans mon petit protocole de vol jusqu’à ce que mes ‘amis’ se rendent au Tim juste en face. Le joint de pot dans le coin de la gueule, j’ai eu comme seul reflex de partir à rire un peu fort. Comment ne pas attirer l’attention quand la tentation est trop forte!

Un verre de plus. Tout seul / ensemble – pis j’me regarde me dévisager en mille miettes sur le plancher pendant que le ciel pisse sa vie à l’extérieur. Et je ris. Je ris de moi. Et je ris de Max. Le veau n’a pas suivi. Je n’avais pas le goût qui le fasse non plus dans le fond. Je n’invite personne à ma piaule. Pas de ce temps-là en tout cas. Non ! Max n’est pas là!  Il ne m’a pas suivi mais il a vu. Il a eût la chienne de sa vie. Vous auriez dû lui voir la face. Parce que je reste toujours fidèle à moi-même, quand j’ai vu qu’il appelait la police, j’ai ris le plus fort que j’ai pu. Trop l’fun de voir sa gueule! Il était mort de trouille! Max est mort? Vive le mort! Cheers!

Mais je le comprends. Comme moi, je ne suivrais pas Bob. Pas deux secondes! Sérieusement, sauter d’une fenêtre… 'Come on' Bob !? Quand tu crois que la malchance te colle aux fesses... Quand tu te sens pris d’un malheur obsessif, tu ne sautes pas d’une fenêtre. Trop risqué – mon opinion. Tu pisses à l’ombre, tu joues au rat, au chien, au lapin ; au hamster. Tu caches ce qu’il te reste au plus profond de ta petite personne effacée et tu fermes ta putain de gueule ou tu hurles à t’en défaire les cordes vocales en sautant dans le trou pour sonder le grand vide, mais au pire, tu te contentes du rien en te disant que c’est définitivement ce qui existe de mieux dans ce que tu ne mérites pas. Pour le fait de mériter quoi que ce soit, on y reviendra. Mais, va pour la balle mon Bob!

Les trous… L’univers au complet est un trou. L’humain vient d’un trou qui sort d’un autre trou. Pis toute notre existence, on la passe à vouloir y retourner...

Max n’a pas sauté dans ce trou-là, mais il en a vu les contours. La silhouette de quelque chose plus grand que lui. De crissement plus grand que moi. Tu ‘call’ pas la police pour rien! Je  l’ai vu dans ses yeux. Ses yeux de mauviette!  

Comme je m’en doutais un peu, sa raison qui parcourait le territoire inconnu de mes propos ne s’amusait pas. Je comprends. Pas nécessairement tout le monde qui veut suivre. Il n’a pas répondu. Pas plus qu’il ne m’a donné ma foutue balle ou ne serait-ce qu’un centime de son estime. Pourquoi se faire chier avec l’existence des autres quand la nôtre est déjà sérieusement bien remplie, drapée d’un blanc apaisant et sans la moindre tache? Pourquoi se faire chier quand on peut demander à quelqu’un d’autre d’enlever de notre champ de vision quelque chose qu’on n’aime pas, qu’on ne comprend pas? Pourquoi se faire chier quand on peut appeler la police?

Une balle. Toute simple. Et Max, tu vois, la première chose que tu semblais vouloir me faire croire, c’est que ce n’était pas la chose à faire… Mon petit Maxou, dis… Puisque tu semblais si bien me connaître, est-ce que toi et moi on aurait partagé des nuits dont, par mégarde ou dans une de mes absences temporaires de plus, je n’ai aucun souvenir. Nah ! Laisse-moi deviner ! Tu m’as vu entrer avec ma gueule cadavérique de barbu-perdu-m’veux-tu ? et là, t’as seulement voulu m’aider. Tu te disais que ‘toi’, tu connais ça les gens comme ‘moi’. T’en as vu d’autres - un char pis une barge!
 
J’ai voulu un point. Un impact au vide qui s’amuse à courir le long de ma colonne vertébrale. Moi, je n’ai pas voulu atteindre le fond. Parce que le fond, je n’ai pas le goût d’y mettre quoi que ce soit, n’y serait-ce qu’un poil de cul. Mais, j’ai tout de même atteint le bout.

Ouais. L’extrémité de ma main à fait un grand cercle sur tout ce qui m’entourait en même temps que je balayais l’horizon du regard; comme Clint dans ses films. Le regard menaçant fixé sur mon passé, mon présent et mon futur travestis le temps de le dire en un némésis parfait. Du coup, il restait plus rien sur les meubles et sur les murs de ma chambre. Tout a foutu le camp par terre. Au diable le miroir! 

À quoi bon se regarder si on se fait chier, anh?



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