Monday, April 4, 2011

À Clint Eastwood
et son flingue.
Que chaque six-coups
repose en paix.

Les Balles Masquées - Première balle
Les complications de la chair


Une balle. Une putain de balle. Et voilà que je fous la merde. Dans ma tête, malgré le bordel, c’était si simple et sans envergure. Pas de Jésus, pas d’apocalypse, pas de question ; tout était facile. Le ciel était gris, prêt à fendre sa vessie sur une ville aux teintes monochromes. J’avais le visage long et pâle, les paupières lourdes mais transparentes à la lumière qui était, comme toujours, un peu trop présente à mon goût. Les dernières neiges fonderaient dans les semaines à venir et tout le monde ne verrait plus que l’été et son grand sourire panoramique débarquer. Moi, j’entrais à la pharmacie.

Depuis deux mois j’avais le cerveau comme un casse-tête. Chaque morceau essayait d’obtenir l’indépendance en enculant l’autre pour prendre sa position. Pas nécessairement confortable de faire entrer un truc là où il n’est pas supposé. Mal de tête, drôle de tête et tête de con comme amis, je n’aurais su rêver d’une meilleurs compagnie si je n’avais pas été avec moi. Je me suis dirigé au comptoir des prescriptions, j’ai regardé le pharmacien de mon aire absent, puis je l’ai fixé un bon moment; il a d’abord paniqué (ouais, ça paraissait dans son regard de mauviette) et s’est finalement décidé à ramener son gros cul devant moi, me donnant, par la même occasion, la chance d’admirer de plus près ses yeux de vache juxtaposés à une trop grande bouche pâteuse et ruminante de ce qui semblait vouloir être des mots de bienvenue.

Et elles ont des étiquettes; gentilles c’est petites bêtes-là. Celle-là se nomme Maxime. Maxime a le front dégarni, des lunettes épaisses qui viennent s’appuyer sur ses oreilles décollées et un air chaste de tronche d’école; mon vendeur est un premier de classe. Ou un violeur d’enfants. Enfin, il me rappel drôlement un Merlin-je-ne-sais-plus-qui ; un enfant-vieux qui venait avec moi à l’école primaire. Merlin merde ! T’es pas magicien toujours ?

Mon enfant à moi s’appellerait Zeus, question de pas le faire chier; pas Merlin. Mais question qu’il soit encore moins con que Zeus, je vais tout simplement m’abstenir de faire des enfants.

Mais lui, c’est Maxime ou probablement que si nous étions amis moi et l’être bovin, dans un quelconque égarement zoophilique, je l’appellerais Max ou Maxou, tout dépendant jusqu’où chacun de nous irait enfoncer sa langue. Manque de chance mec, ce n’est pas à moi à t’offrir quoi que ce soit. Tu me dois politesse et respect, alors cesse de me dévisager et sors un quelconque son de ta gorge ou de tes quatre estomacs! Je sais qu’en ces temps difficiles je fais peur, alors donne-moi un semblant de réaction autre que des marmonnements irréguliers ou inaudibles.

Ma prescription ? Bien sûr que je l’ai. Une balle. Cette fameuse balle. Le cul bien doré ; doré comme la chevelure d’un ange s’il te plaît. Le veau me fixe, un peu perturbé par ma réponse. Mais qu’est-ce que tu crois ? Je sais ce que tu caches derrière ton comptoir tout blanc de frais chier, pseudo contrôleur du diapason de l’âme humaine, tout propre et trop brillant. Tu as la cargaison parfaite pour que chaque être humain pardonne aux couilles de dieu d’avoir visité l’animal une fois de trop. Mais dans mon cas, l’apologie est simple. Une toute petite dorure de merde.

Tu sais, dernièrement, j’ai recommencé à boire. Dernièrement faisant ici référence à la dernière décennie en entier. À fumer le calumet de la paix. À abuser de la vodka, quelques speeds, quelques champignons magiques, du vin (du rouge, pas du blanc; le blanc me donne des maux de tête). Des valium et une quantité un peu abusive de Jägermeister. La mescaline résonne encore sous mes tempes vieillissantes, alors j’ai évité, mais j’ai toujours la langue qui frémie à l’annonce d’un quelconque médicament que je n’aurais toujours pas testé. Alors la balle, tu vois, je n’en ai jamais fait et à ce qui paraîtrait, c’est mortel.

J’ai déjà essayé l’éther, l’acide en buvard, l’ecstasy, la cocaïne, la métamphétamine, la codéine, la proscaline, la strychnine, la pharmacie de ma mère alors qu’elle se faisait bouffer par le cancer, la morphine, la cortisone, le lithium, du supeudol, Annie, Jimmy, Vicky, Danny, ta mère, ton père, ta petite cousine pas trop moche et… pour ton frère mec, désolé, il me déteste et/ou il se réserve. Et en ce qui concerne ta sœur, on y reviendra. La vaseline, mais ça c’était pour autre chose, la colle, la salvia, et tout ce qui se fait que j’ai pu fumer, humecter, boire, lécher, gratter, baiser ou sniffer. Mais j’me suis rien injecté. Jamais. J’ai gardé ma peau intacte pour le trip ultime. La parole de dieu évangélisée par la bouche d’un canon qui se glisse comme ma bite dans votre orifice préféré m’dame / m’sieur. La seule chose, outre quelques coups de lame, qui aura le droit de transpercer ma peau. La défonce ultime et logique, dans l’idée où défonce résonne ici dans le fait de générer un trou ou une fissure au travers d’un obstacle. Moi + balle = défonce. Logique, non ?

Dis, tu m’écoutes quand je me parle Max ?

3 comments:

Anonymous said...

J'ai hâte de lire la suite !

Neva said...

Cesse de cultiver notre patience, beau brun...!

Mike said...

Funny. j'aime moins que la carcasse, pour être honnête. Peut -être que c'est parce que je travaille dans une pharmacie XD

Mais c'est bon. J'ai l'impression par bout, par exemple, que le grossier est forcer. C'est moins authentique que la carcasse (ma seule comparaison disponible à ce jour). Y'a aussi le fait que j'vois des gens bizarre à ma job, pis c'Est dure sur le moral, quand ta première nouvelle le matin, c'est que tu peut fermer le dossier de Mme/Mr un tel, parce qu'il viendra plus a ta pharmacie; aucune autre en fait. Donc, objectivement parlant, c'Est surement ma perception qui fait que j'apprécie moins celui la.

Mais objectivement, je sais reconnaître un bon texte. Et en voila un.